Discours de la présidente de l'Université de Strasbourg prononcé lors de la cérémonie de rentrée, jeudi 4 septembre 2025
Seul le prononcé fait foi.
Discours de la présidente de l'Université de Strasbourg prononcé lors de la cérémonie de rentrée, jeudi 4 septembre 2025
Seul le prononcé fait foi.
Mesdames et Messieurs,
Je suis particulièrement heureuse d’ouvrir avec vous cette nouvelle année académique 2025-2026.
Le rythme de vie de l’université nous permet cette cérémonie de rentrée de septembre en septembre, ce retour sur les bancs des amphis, dans les bureaux, sur les campus, dans les bibliothèques, sur les paillasses, devant les étudiantes et les étudiants, devant nos écrans, avec nos IA (ou pas), dans nos restos et cités U, dans nos studios, avec nos coloc, dans nos labos, dans nos couloirs, devant nos machines à café. Bref, on revient, on rentre, comme si nous avions quitté l’amphithéâtre Cavaillès, le Patio, l’allée des tilleuls, le campus de l’Esplanade, Strasbourg, l’Europe et pourquoi pas le monde (ce que l’on peut tenter au demeurant, bien installés dans les sièges du planétarium à quelques encablures d’ici).
Pour tester avec vous cette hypothèse du « on rentre », je vous propose le sujet suivant : Qu’est-ce qu’une université sans étudiantes et sans étudiants ? La juriste que je suis pourrait tenter une réponse en deux parties, comme si la cathédrale de Strasbourg avait deux flèches : 1 – Une université suppose des étudiants et 2 – Une université sans étudiantes et sans étudiants est un OJNI (objet juridique non identifié). Le Code de l’éducation, en son article L711-1, lie en effet l’université, « établissements publics à caractère scientifique, culturel et professionnel » avec les étudiants, les personnels et les personnalités extérieures qui ont en charge sa gestion.
L’on pourrait répondre aussi qu’une université sans étudiantes et sans étudiants est le classement de Shanghaï. Je suis très fière de constater que notre université est classée dans le haut de ce fameux mercato des universités mondiales. Très fière aussi de constater que les secteurs de la chimie et de la biologie restent des fleurons de notre recherche. C’est en partie ce qui explique le fort appétit des étudiants internationaux pour nos formations et nos centres de recherche. Notre attractivité internationale ne se dément pas et nous resterons cette année à un taux impressionnant de près de 25 % d’étudiants étrangers dans nos formations. Birte Wassenberg travaille avec nos services à dessiner une stratégie internationale en pleine adéquation avec nos moyens mais surtout nos besoins.
Mais il faut reconnaître que ce classement est bien partiel, au sens où il ne prend en compte que l’une de nos deux missions, centré qu’il est sur la recherche. Qui plus est sur une recherche qui invisibilise certaines disciplines comme les langues, les lettres, le droit… Je vous propose cette année de mieux mettre en valeur les données que nous produisons, sur lesquelles nous travaillons et que notre service de « data » sécurise et diffuse. Ces données peuvent nourrir un classement pour mieux refléter nos forces, nos progressions et même nos lacunes, pour nourrir notre réflexion stratégique. Il me semble aussi qu’à l’heure où il importe de renforcer la souveraineté de l’Europe, nous donnions la priorité à un classement plus européen, moins marqué par des choix de critères anglo-saxons et qui permette de valoriser nos formations et spécialement notre choix de la professionnalisation, cœur de notre offre de formation.
« Qu’est-ce qu’une université sans étudiantes et sans étudiants ? ». Il existe une réponse plus simple et plus efficace : c’est l’été. Sans étudiants plus de cours, plus de préparation ni de corrections de copies, plus de recours ni de rendez-vous. Bref, la liberté de l’étudiante et de l’étudiant est celle des enseignants et des enseignants chercheurs. Cette liberté s’arrête là où commence la rentrée.
Alors la rentrée : Fin de la liberté, début des contraintes ?
On peut aussi décentrer le regard, composer un autre tableau de la rentrée : la rentrée est la fin d’une parenthèse, du ralentissement de la vie universitaire jusqu’à, parfois, son complet endormissement.
Parce que si une université sans étudiantes et sans étudiants est l’été, alors elle est au fond ce vide que l’on créé pour reprendre son souffle, laisser le soleil jouer avec notre peau, plonger dans des eaux plus ou moins claires, expérimenter de nouvelles promiscuités, lutter avec les éléments plus ou moins naturels, vivre à nouveau en famille, retrouver ses meilleurs ennemis. C’est aussi un temps d’excès, qui peuvent finir plus ou moins bien et que l’on paye plus ou moins cher.
Vu de cette perspective, la rentrée est ce temps salutaire où on se retrouve, on s’agrandit, on rajeunit, on construit, on rouvre nos ordinateurs et on reconnecte nos cerveaux, bref on revit.
On construit de nouveaux espaces et sur ce plan, cet automne est prometteur : nous allons en effet inaugurer le musée zoologique, qui permet, grâce au Jardin des Sciences et avec nos partenaires de la ville de Strasbourg, d’ouvrir nos collections aux citoyennes et aux citoyens dans un musée repensé et modernisé, qui servira aussi à nos formations et à notre recherche.
Jean Sibilia œuvre de son côté pour démarrer enfin la création d’un campus de médecine à la pointe de l’innovation et de la recherche médicale, grâce à la mobilisation de l’Etat et du CPER. Il faudra trouver des financements pour finaliser ce projet emblématique pour l’Université de Strasbourg et pour notre territoire de santé.
Nos campus de vie, ce sont aussi EPICUR et Eucor et Jean-Marc Planeix bataille ferme pour garantir des financements et développer cet espace de libre circulation de nos étudiants et de nos enseignants & chercheurs avec nos neuf grandes universités partenaires qui composent de l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud EPICUR.
Je rappellerai ici que les choix de formation fait à Strasbourg pour construire les études de santé servent, j’oserais dire une fois de plus, de modèle pour la France. Nous affirmerons cette année notre modèle de formation des professeurs des écoles, entièrement coordonnée avec nos partenaires de l’UHA et le Rectorat et nous militons pour obtenir les financements nécessaires. Dans la période de flou intégral que nous vivons, nous pouvons dès aujourd’hui assurer aux étudiantes et étudiants que nous voulons nombreuses et nombreux dans ces filières de formation qu’elles et ils seront des étudiants prêts pour les concours et ce, quoi qu’il arrive. Rachel Schurhammer et son équipe, ainsi que nos services administratifs sont les vigies de ces formations, que je dirais particulièrement nécessaires à notre temps.
Et en ce sens, je me sens bien mieux à la rentrée, quand l’université retrouve ses étudiantes et ses étudiants, que les campus revivent, quand les débats reviennent, quand les campus sont à nouveaux des lieux de vie. Elisabeth Demont et Nicolas Matt, en concertation régulière avec les syndicats représentatifs des personnels et étudiants s’emploient à en faire des lieux de qualité de vie, pour que tous nos campus riment avec une envie de l’Université de Strasbourg.
L’une des réalisations que vous allez bientôt pouvoir utiliser est le Centre sportif universitaire, lieu qui va contribuer à mettre le sport au cœur de notre quotidien et à préparer nos sportifs de haut niveau pour gagner les compétitions nationales et internationales, tout particulièrement pour les prochains Jeux olympiques.
Marie Lammert rend aussi nos vies plus vertes et se pose en rempart contre tout backlash écologique. Elle sera notre guide dans de très prochains évènements : Semaine européenne de la mobilité à l'Université de Strasbourg dès septembre, les Journées Biodiversité & campus en octobre et la Semaine européenne de la réduction des déchets en novembre, conçues et animées par notre administration.
Le retour des étudiants est toujours impressionnant dans toutes nos composantes, vague qui est accueillie par les services administratifs et les équipes pédagogiques. A ce stade, les inscriptions administratives sont encore en cours mais on peut tabler sur des effectifs stables et extrêmement élevés, puisque près de 57000 étudiantes et étudiants composent l’Université de Strasbourg dont 8000 néobacheliers.
Cette année, l’université continue à déployer sa nouvelle offre de formation centrée sur des enjeux d’ouverture au monde / à l’Europe et une priorité donnée à la professionnalisation. Réjouissons-nous d’un indicateur : sur environ 18000 répondants, 87% des étudiants sont satisfaits, et cela se traduit par une très bonne note moyenne de 7,5/10. L’expérience étudiante est encore trop disparate de campus à campus ou d’amphi à amphi mais nos étudiants ressentent leur formation comme une formation d’excellence, d’exigence parce qu’elle les mène à un emploi.
Pour que cette alchimie fonctionne, le paquebot Unistra a besoin de tous ses personnels. Au binôme que forme la présidente et la directrice générale des services, en la personne de Valérie Gibert, répond et doit répondre un partenariat entre l’administration, ses personnels administratifs et techniques, qu’elle soit centrale ou locale et les enseignants-chercheurs, les enseignants, les chercheurs, bref toutes ces catégories réglementaires qui ne peuvent travailler que les unes avec les autres, pour offrir à nos étudiantes et nos étudiants le service qu’il mérite. Je suis donc particulièrement fière d’accueillir, dans un programme se déroulant sur toute cette semaine, nos nouveaux collègues au nombre de 311, qui ont fait le choix de Strasbourg, pour embarquer dans notre belle université.
Pour offrir aussi les conditions qui permettent la recherche disciplinaire et interdisciplinaire, ce que l’on nomme aussi la recherche scientifique.
La science qui a souvent bien du mal à se faire entendre, à se faire respecter. L’université en Europe doit dans ce charivari maintenir son cap et je voudrais pour l’Unistra qu’elle soit une université à mission. Le Code de l’Education le martèle : l’université doit « assurer le progrès de la connaissance et [de la] formation scientifique, culturelle et professionnelle préparant notamment à l'exercice d'une profession ».
Les libertés académiques sont au cœur de cette protection et doivent le rester. La Charte des droits fondamentaux de l’UE le rappelle dans son article 13, que chacune et chacun doit garder à l’esprit : « Les arts et la recherche scientifique sont libres. La liberté académique est respectée ». La Cour de justice de l’UE est venue le rappeler à la Hongrie dans un arrêt de 2020 déjà, au moment de la fermeture de l’implantation de la Central European University au cœur de Budapest. La Cour sise sur les hauts de Luxembourg nous dit la chose suivante : « [d]ans cette perspective spécifique, la liberté académique, dans la recherche comme dans l’enseignement, doit garantir la liberté d’expression et d’action, la liberté de communiquer des informations de même que celle de rechercher et de diffuser sans restriction le savoir et la vérité, étant précisé que cette liberté n’est pas limitée à la recherche académique ou scientifique, mais qu’elle s’étend également à la liberté des universitaires d’exprimer librement leurs points de vue et leurs opinions ».
Je veux rappeler ici l’action initiée par le Conseil de l’Europe en février 2025, au titre évocateur des « Libertés académiques en action ». Cette initiative visera à renforcer la protection juridique de ces libertés, à démocratiser la science et l'engagement civique comme l'engagement des universités auprès des communautés locales. L'initiative propose également l'élaboration d'une charte européenne des droits de l'étudiant afin de garantir que les étudiants bénéficient des mêmes protections juridiques en matière de liberté d'expression et de recherche que les universitaires. Je vous propose de travailler activement en ce sens, en s’appuyant aussi sur vos initiatives et je pense ici au collectif Stand Up for Science.
Je propose de faire nôtres ces propositions et de partir de ce travail pour l’élaboration de notre charte éthique. Vous serez appelés à participer activement à cette réflexion ambitieuse, pour que l’Unistra soit à la hauteur des enjeux de notre temps. Marie Lammert animera cette discussion collective et vous proposera dès le début de l’automne l’architecture de cette discussion qui sera finalisée pour le mi-mandat avec nos conseils centraux. C’est aussi la responsabilité de Enrica Zanin et de tous les services de notre administration que de construire les conditions qui assurent la compréhension des enjeux de la science par notre société et de toujours faire de la culture le barycentre de nos missions d’enseignement comme de recherche.
L’initiative « Libertés académiques en action » plaide aussi pour relever les défis du numérique et de l'IA en s'attaquant aux menaces émergentes telles que les biais algorithmiques, le harcèlement en ligne et l'influence des entreprises sur la diffusion des connaissances. Cette réflexion guidera notre deuxième action en cette nouvelle année académique : il nous faut en effet, que ce soit en recherche, dans nos formations et dans l’action de notre administration déterminer notre politique sur l’IA. L’outil est déjà beaucoup utilisé par nombre d’entre vous et il importe de fixer nos priorités pour lutter contre ces menaces émergentes. En ligne avec le cadre d’usage de l’IA en éducation que le Ministère a publié en février dernier, il me semble important de poser deux questions pour réaliser notre mission de producteur de connaissances : quelle est la plus-value pédagogique du recours à l’IA d’un côté, comment exercer son esprit critique face aux contenus produits. Virginie Zint, Rachel Schurhammer, Jérémy Darenne vont se trouver au centre de ces questionnements et embarquer tous les services dans cette aventure.
Elles doivent être posées aussi par l’équipe de la direction générale des services pour nos processus administratifs pour que l’IA nous permette, en exploitant les données que nous produisons, de fonctionner au service de notre communauté d’étudiants et de chercheurs.
Rémi Barillon avec les services et les Unités de recherche a pour tâche de dynamiser le déploiement de nos projets de recherche sur l’IA et son acceptabilité sociétale, l’Université de Strasbourg étant clairement identifiée sur la carte française et européenne sur ces thématiques.
Michel de Mathelin s’attache à promouvoir cette « préhension » collective des usages de l’IA dans une stratégie globale et sur la base d’un projet dont vous entendrez beaucoup parler cette année et que nous développons avec nos partenaires de l’Université de Lorraine, le projet ENACT.
Camille Fauth devra œuvrer pour nous prémunir des préjugés algorithmiques, qui sont aussi et trop souvent des préjugés de genre. Camille Fauth va déployer bien au-delà avec la direction générale cette exigence de non-discrimination, de lutte contre le racisme et l’antisémitisme pour en faire un élément déterminant de notre capacité à attirer des étudiants et des collègues, parce que ces valeurs sont le cœur du pacte républicain mais aussi parce que nous sommes à Strasbourg et que notre histoire locale et européenne nous le commande.
Ces sujets nous invitent à un travail transversal, associant plusieurs réflexions et plusieurs acteurs de l’équipe de présidence. Cette même transversalité devra animer nos conseils centraux, dans chacun d’eux et entre eux.
Elle est aussi au cœur de nos recherches et je ne citerai que nos ITI qui passent en régime de pleine croissance et le très important projet Religis, porté par notre université, qui ambitionne de penser autrement les processus de transformation des relations entre religions et sociétés et de dynamiser les transferts de connaissances académiques vers la société.
Nous associerons aussi dans nos réflexions et nos politiques des chercheurs les étudiants, les enseignants et les chercheurs, la ville, l’Eurométropole, la région, notre espace transfrontalier du Rhin supérieur et l’Etat mais aussi, toujours parce que nous sommes à Strasbourg le Conseil de l’Europe le Parlement européen et l’ensemble des représentations permanentes, ce tissu diplomatique que nous n’associons pas assez dans notre vie quotidienne.
Cette rentrée, il faut bien le dire et peut-être pensiez-vous que je commencerais par là, est aussi un peu particulière. Le temps est à l’orage, l’ambiance est fébrile, nous sommes inquiets, dubitatifs, un peu perdus je cite dans « la clarté des « féroces » projecteurs : projecteurs des miradors, des shows politiques, des stades de football, des plateaux de télévision » et on dirait aujourd’hui dans les projecteurs des réseaux sociaux et de l’intelligence artificielle.
Ces mots se trouvent dans un texte de Pasolini, auquel répond un ouvrage de Didi-Huberman « Survivance des lucioles », que j’ai découvert cet été dans la pénombre d’une allée de charmilles, de la grande famille des bétulacées, qui entourent les humains de leur ombre et leur apporte la fraîcheur depuis la préhistoire, comme me le chuchote Le Chat.
Cet auteur poursuit la vision de Pasolini qui estimait que les lucioles ont disparu dans les projecteurs, dans les lumières trop vives qui se détachaient dans la grande nuit du fascisme en traçant un chemin que je vous propose d’emprunter pour cette nouvelle année. Il écrit :
« Les lucioles, il ne tient qu’à nous de ne pas les voir disparaître. Or, nous devons, pour cela, assumer nous-mêmes la liberté du mouvement, le retrait qui ne soit pas repli, la faculté de faire apparaître des parcelles d’humanité, le désir indestructible. Nous devons nous-mêmes – en retrait du règne et de la gloire, dans la brèche ouverte entre le passé et le futur – devenir des lucioles et reformer par là une communauté du désir, une communauté des lueurs émises, de danses malgré tout, de pensées à transmettre. Dire oui dans la nuit traversée de lueurs, et ne pas se contenter de décrire le non de la lumière qui nous aveugle ».
C’est à cette communauté du désir que je vous invite, pour que chacune et chacun, étudiantes, étudiants, enseignantes et enseignants, chercheuses et chercheurs, personnel technique, administratif, personnalités extérieures, partenaires, citoyennes et citoyens, nous soyons les lucioles de notre société, que nous soyons traces de lumière, que nous soyons communauté de pensées pour faire vivre notre université, notre belle Université de Strasbourg, sur cette frontière de l’Est qui nous ancre en Europe et dans le monde.
Yann Gaudeau et Vincent Blanloeil vont travailler pour que la soutenabilité, condition nécessaire pour que le paquebot affronte les vents mauvais, rime avec cet impératif de faire advenir cette communauté du désir. Toute l’équipe de présidence va hisser haut cet objectif, avec le concours des nouveaux vice-présidentes et vice-présidents délégués : Samira Khemkhem, Sophie Kennel, Hervé Berviller, Frédéric Masson, Annick Dejaegere, Anaïs Hamelin, Valérie Lamour, Aziz Dinia, Pascale Erhart et Bertrand Rose.
C’est cette ambition que je soutiendrai et que je porterai vers tous nos partenaires, le CNRS, l’INSERM et l’INRIA, les HUS, les autorités politiques comme vers les acteurs de la société civile. Cette perspective esquissée en ces quelques mots, c’est vous qui la dessinerez durant ces mois d’automne, d’hiver et de printemps avant de retrouver la lumière aveuglante de l’été 2026.
C’est à ce collectif que je vous invite, pour nous retrouver et mieux nous appartenir. C’est à cette collectivité que je vous convie, pour échanger, discuter, douter, redouter et faire ainsi vivre la science et diffuser la connaissance.
Je vous souhaite donc à toutes et tous une rentrée joyeuse, lumineuse et solidaire et vous remercie de votre attention.
Frédérique Berrod